mercredi 24 avril 2013

Au bar du coin, il y a...

Jérôme Ferrari, Le sermon sur la chute de Rome, Actes Sud, 2012 [208 p.]

Mon résumé :

         Quand le bar de leur village d'enfance se retrouve sans gérant, Matthieu et Libero y voient une magistrale opportunité de revenir sur leur terre et d'aborder la vie autrement. Seulement, peut-on réellement échapper à l'inexorable chute de l'Homme ?


Ce que j'en pense :
         
          J'ai d'abord eu peur. Sortant de plusieurs lectures d'ouvrages de littérature jeunesse, je craignais que le retour à la littérature adulte soit un peu rude et que le livre me tombe rapidement des mains. D'autant plus qu'il s'agissait du dernier Prix Goncourt...

Une fois la première partie terminée, mes craintes se sont rapidement envolées et je me suis laissée happer par ce récit à l'écriture maîtrisée, sans être engoncée.

Les personnages sont truculents et, finalement peu évoqués, hormis la figure de Marcel, le grand-père.
 
J'ai surtout apprécié les passages sur la vie du bar ; en particulier les premières tentatives malheureuses de gérance qui m'ont vraiment faite rire. J'ai aimé ce regard distant, cet humour noir, que l'auteur porte.

Je n'ai pas cherché le message du récit. Je me suis simplement laissée aller à l'atmosphère tantôt légère tantôt pesante et aux péripéties de ces deux copains d'enfance, de leur famille et de leur entourage. Et, ça a plutôt bien réussi.


Extrait :

" Marie-Angèle allait prononcer quelques paroles de circonstance quand il lui déclara que c'était la meilleure chose qui lui soit jamais arrivée, il était enfin débarrassé d'une mégère et de trois gamins aussi idiots qu'ingrats, sans parler de la vieille, qui, avant de sombrer dans le gâtisme et l'incontinence, avait dépensé des trésors de malignité pour lui pourrir la vie, car elle était d'une méchanceté inimaginable, si méchante qu'il la soupçonnait de se réjouir secrètement d'être devenue grabataire et d'avoir ainsi l'assurance d'emmerder le monde jusqu'à la fin de ses jours sans que personne puisse lui en faire le reproche, et il ne faisait pas de doute qu'elle mourait centenaire. " (p.54)


Musique :




Challenge :

    

dimanche 21 avril 2013

Du chocolat en plein coeur

Gabrielle Zevin, La mafia du chocolat, Albin Michel, Collection Wiz, 2012 [390 p.]

 Mon résumé :

         New York. 2083. Dans un pays où le chocolat et le tabac sont prohibés, Anya Balanchine, 16 ans, fille d'un des plus puissants parrains de la mafia, vit une adolescence bien occupée entre ses cours au lycée, son frère et sa petite sœur à surveiller et sa grand-mère mourante.
Dès lors que son ex-petit ami frôle la mort, empoisonné par le chocolat qu'elle lui a donné quelques heures plus tôt, la jeune fille va brusquement devoir faire face au poids de sa famille et à son lourd héritage.

Ce que j'en pense :
      
          J'avoue que la quatrième de couverture me donnait plus qu'envie de lire ce livre. Ajouter à cela que l'ouvrage est publié dans la collection Wiz d'Albin Michel, collection qui m'a déjà procurée de jolis moments de lecture, la lecture s’annonçait sous de bons auspices.

Et... j'ai passé un agréable moment.

L'intrigue m'a de suite emportée – les pages se tournent rapidement et toutes seules.

Le récit est, dans l'ensemble, plein de charme, malgré de nombreuses faiblesses.

Les personnages sont attachants - Anya est forte pour tous, Léo, son frère, est émouvant, Natty, sa petite sœur, rafraîchissante, Win semble être le garçon idéal, etc. - mais sans aspérité aucune.
La morale des personnages qui, quoi qu'il arrive, est sauvée, est terriblement lassante.

L'auteur se perd dans de nombreuses trames narratives qu'elle ne mène pas à bout. L'histoire à la Roméo et Juliette entre Win, fils de procureur, et Anya, fille de parrain, est gentillette et sans grands rebondissements.
Le fil de l'empoisonnement du chocolat et des torts causés au business familial par un de ses membres est très (trop) vite évacué. La peinture de la mafia est d'ailleurs bien trop sirupeuse : on pardonne les coups bas, on s'entraide, on respecte les desiderata d'une jeune fille, etc. Cette position aurait pu tenir si le récit était humoristique, ce qui, même si le ton est léger, n'est pas vraiment le cas.
Enfin, on attend qu'Anya prenne la tête des affaires criminelles et... j'attends encore.

Ce tome sert surtout à mettre en place le contexte, l'atmosphère et les personnages d'une saga à venir et s'axe en priorité sur les relations familiales et amicales de notre héroïne.

En bref, avec pas grand chose, l'auteur parvient tout de même à nous intriguer et à nous donner envie de connaître la suite du destin d'Anya et de sa famille. Ce qui est déjà pas si mal.


Musique :



Challenges :

    

samedi 13 avril 2013

A la vie...

Blandine Le Callet, La Ballade de Lila K, Stock, 2010 [400 p.]

Mon résumé :
     
        Années 2090. Lila est retirée à sa mère. Après des années de maltraitance, elle doit tout réapprendre : parler, manger, vivre.
Elle se reconstruit peu à peu dans le « Centre », parangon d'une société hygiéniste, et n'a qu'une seule idée en tête : retrouver sa mère et comprendre. Comprendre comment le sentiment d'amour se mêle aux douleurs subites.

Ce que j'en pense :
     
       C'est douloureux, révoltant, émouvant. Mais surtout, captivant.
 
     Une seule et unique voix : celle de Lila K. Lila qui nous révolte et nous fait souffrir dans la scène d'ouverture – qui sont ces gens qui lui enlèvent sa mère bien-aimée ?, qui nous fait douter et chercher des raisons à l’inacceptable...
 
     Lila nous touche, nous agace, mais nous entraîne surtout dans ses difficultés à vivre, à se défaire de ce passé par ses rencontres lumineuses et ses perspectives de futur.

     Un livre sur la résistance – résistance face à son passé et à l'avenir incertain, résistance face à une société excessivement policée – à découvrir !



Challenges :


 


vendredi 5 avril 2013

Jeune fille qui cherche ses mots...

Ally Condie, Promise, Gallimard Jeunesse, 2011 [423 p.]

Mon résumé :

      Cassia Maria Reyes, dix-sept ans, se prépare à sa première cérémonie officielle, la Cérémonie de Couplage, celle qui lui fera découvrir le Promis que la Société a choisi pour elle. Ce sera son meilleur ami, Xander.
Pourtant, dans une société qui contrôle chacun de ses habitants et leur destinée, Cassia va peu à peu succomber aux tentations de l'Interdit et entrer dans une forme de résistance.
      

Ce que j'en pense :

       La couverture est vraiment jolie ; c'est elle – et les nombreux avis sur la blogosphère - qui m'ont donnée envie d'entamer l'ouvrage.
 
     La lecture est facile et plutôt agréable. Les courts chapitres donnent un certain rythme. Rythme qui est malheureusement considérablement ralenti par les multiples hésitations et tergiversations de l'héroïne... Héroïne qui n'en est pas, au sens propre, vraiment une ; je n'y ai pas vu de femme forte - plutôt une jeune fille qui passe de la dépendance envers la Société à une dépendance à son nouvel amour et à ses idées. Le déroulé de sa pensée et son ressenti m'ont laissée de marbre.

     J'ai trouvé les personnages plutôt lisses, hormis peut-être Ky - un des intérêts du récit réside dans la découverte de son histoire, de son passé.
 
     Je n'ai donc pas vraiment accroché : 400 pages pour évoquer le passage de l'enfance à l'âge adulte – de la jeune fille qui s'émancipe des choix parentaux (de la Société) qui dictent et contrôlent pour tracer son propre chemin.
Tout ça pour ça, j'ai envie de dire...

Extrait :

" En fait, si on y réfléchit, quand on est avec quelqu'un, on lui prend de son temps et, en échange, on lui donne du sien " [p.78]


Challenge :