samedi 30 novembre 2013

Tombe la neige

Laura KASISCHKE, Esprit d'hiver, Editions Christian Bourgeois, 2013 [276 p.]


Mon résumé :
          
          Le matin du 25 décembre, Holly doit faire face à une drôle de sensation : une angoisse inexplicable surgissant du passé.
Alors que le temps s'agite à l'extérieur, Holly et sa fille adolescente Tatiana se retrouvent confrontées dans un face-à-face intimiste.
  
Ce que j'en pense :
                      
         J'ai effectué cette lecture dans le cadre des « Matchs de la rentrée littéraire 2013 », et je remercie d'abord PriceMinister de m'avoir fait parvenir à titre gracieux cet ouvrage.



         « Quand le ciel bas et lourd pèse comme un couvercle »... Ce vers de Charles Baudelaire m'a habitée durant toute la lecture.


         L'atmosphère est close : le confinement palpable nous prend dès les premiers mots, et le malaise d'Holly nous envahit peu à peu.


         L'auteur construit son récit sous l'égide de la tragédie antique.
Le dénouement inéluctable est présent dès le départ. La Pythie s'incarne dans la figure de Théodotta, l'infirmière russe. Les signes de mauvais présage se lisent dans la terreur du chat, le combat de poules, etc. Des images macabres reviennent en boucle le long du récit. Les personnages se débattent, vivent, se disputent, mais, n’endigueront pas la menace qui plane.

La fin se lit dès le début. Le destin de la petite Tatiana est déjà tracé, et ce, depuis des années. Depuis qu'Holly et Eric sont allés la chercher en Russie.

Les scènes du passé surgissent ainsi dans le présent d'Holly. La mère adoptive se remémore constamment l'adoption de la jolie Tatie quinze ans plus tôt. Alors que ces flash-back pourraient être joyeux et lumineux, ils ajoutent à la pesanteur de ce présent oppressant et, tels des oracles, annoncent le malheur à venir.


         Le suspens réside donc plutôt en la nature de la tragédie. L'attente de ce dénouement, les sentiments insidieux qui s'infiltrent peu à peu dans le récit, emportent le lecteur de la première à la dernière page.

On s'ennuie ainsi assez peu, même si, je dois dire, que les névroses d'Holly, lisibles dès le début, m'ont tout de même mise en retrait. Ce qui a gentiment assoupi ma lecture à certains moments.


         L'écriture est plutôt agréable. Le style de l'auteur pourrait cependant être beaucoup plus recherché. Mais, lisant en parallèle A la recherche du temps perdu de Marcel Proust, il est vrai que l'écriture de beaucoup d'auteurs aurait quelque peu souffert la comparaison...



         J'ai enfin trouvé que les thématiques de la maternité et de l'adolescence étaient plutôt bien abordées, avec le changement que provoque l'enfant dans la vie d'une femme (qui se traduit par l'impossibilité d'écrire d'Holly), ainsi que la figure de l'enfant, de sa personnalité, qui échappe peu à peu aux parents.



         En bref, un récit « à atmosphère » agréable.



        
Extrait clé :

« D'après son expérience, la tragédie frappait toujours après de nombreuses semonces (…) et, à la fin, vous étiez en général surpris par le nombre de signes annonciateurs qu'elle vous avait donnés. » [p.95]


 
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